Une approche tête-coeur-corps des apprentissages
Activités à fond CPS pour des apprentissages réussis

Une remise en question

Jusque-là, je présentais mon approche tête-coeur-corps des apprentissages en présentant de manière majoritairement magistrale le débrief de ma fiche de rentrée (voir l'article ici). Avec le recul, j'ai ressenti un manque de cohérence entre les messages que je voulais transmettre et ma façon de les transmettre. Je vantais l'engagement des élèves avec leur tête, leur coeur et leur corps dans les apprentissages, alors même que je niais ces trois dimensions en les laissant m'écouter passivement.

Alors cette année, il était temps de remettre de la cohérence et d'aligner le message avec le moyen de le transmettre. J'ai ainsi retroussé mes manches pour créer 13 mini-missions à accomplir par les élèves pour découvrir chacun des 3 axes.


Une introduction affinée

L'image du tonneau est toujours très parlante pour les élèves. Je l'ai gardée en apportant quelques ajustements. C'est le seul élément que je présente moi-même à la classe. 

Pour des apprentissages efficaces, sereins et réussis, il convient de colmater les fuites, en commençant bien sûr par celles du bas.

Il s'agit dans un premier temps de prendre soin de son corps. Comment ?

  • en dormant suffisamment ;
  • en mangeant de manière équilibrée ;
  • en pratiquant une activité physique régulière ;
  • en s'équipant correctement ;
  • en installant un espace de travail calme, rangé et vide de tous distracteurs.

Une fois la dimension corporelle réglée, place à l'axe coeur. Comment ?
  • en apprenant à reconnaître puis gérer son stress ;
  • en apprenant à reconnaître ses émotions, à les accueillir, à comprendre leurs messages et à les réguler.

La dimension émotionnelle à présent prise en compte, la tête devient disponible pour des apprentissages. Encore faut-il adopter les bonnes stratégies et pour cela il faut commencer par faire un peu de ménage :
  • en luttant contre les fausses croyances (= repérer les neuromythes et les éviter) ; 
  • en se débarrassant des croyances limitantes (= connaître et repérer les biais cognitifs pour les atténuer) ; 
  • en développant son contrôle inhibiteur ;
  • en entraînant son attention et sa concentration ;
  • en adoptant des stratégies efficaces de mémorisation.

Quatre mini-missions sur l'axe tête

Par petits groupes de 3 ou 4, les élèves ont exploré cette dimension sous forme de jeux ou d'énigmes. Il s'agissait :

  • de comprendre en quoi le sommeil est important dans les apprentissages et de se rappeler la durée recommandée ;
  • de comprendre en quoi une bonne alimentation joue dans les apprentissages et en particulier de se rappeler la composition d'un petit-déjeuner complet et équilibré ;
  • de comprendre en quoi une activité physique contribue à des apprentissages efficaces et de voir que même lorsqu'on n'est pas fan de sport on peut trouver de quoi bouger 1 heure par jour ;
  • de prendre conscience qu'un bon équipement et un matériel complet sont nécessaires pour bien travailler ;
  • enfin de réaliser que l'espace de travail n'est pas à négliger et d'avoir des réflexes pour se mettre dans les meilleures dispositions.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, même en 3e, ces règles de base sont loin d'être évidentes ou suivies dans la réalité. Il n'est donc pas inutile de prendre le temps de les poser. L'objectif est ici d'apporter ludiquement aux éléments des connaissances et des éléments de compréhension pour les amener à prendre des décisions constructives en terme d'"hygiène physique" favorables aux apprentissages. De manière sous-jacente, cela contribue à développer la compétence psychosociale cognitive sur la prise de décisions.

Pour aller plus loin sur cet axe, voici des éléments du CSEN, Comité Scientifique de l'Education Nationale :
- "Mieux dormir pour mieux apprendre", synthèse de la recherche et recommandations n°10, cliquez ici ou en vidéo là.
- "Activité physique, fonctionnement cognitif et performances scolaires : niveau de preuve et grade de recommandation", note n°6, cliquez ici.


Deux mini-missions sur l'axe coeur

La seconde partie a commencé par un apport théorique étonnant sur le stress. Et oui, le stress est avant tout naturel et positif. C'est lorsqu'il s'installe dans la durée et qu'il nous fait perdre nos moyens, qu'il devient négatif et qu'il est indispensable de le gérer.

Tout le corps dont on vient de parler auparavant est mobilisé par le stress. Reconnaître les signaux corporels est un premier levier pour l'atténuer. 

Il y a aussi trois types de comportement en réaction au stress. Avec quelques mises en situation dans le cadre scolaire, les élèves ont appris à les repérer et pour chacune à découvrir des stratégies pour le gérer. Des stratégies qui seront d'ailleurs mises en place en classe (avant les contrôles ou à la volée dans le coin zen).

Le stress n'est pas le seul à perturber notre disponibilité cognitive, les émotions aussi. Il y en a 6 universelles : la peur, la colère, la tristesse, le dégoût, la surprise et la joie. Qu'elles soient agréables ou désagréables, elles sont toutes très utiles et nous transmettent des informations très importantes sur nos besoins. Reconnaître les signaux corporels des émotions est un premier pas pour comprendre un besoin non satisfait. Apprendre à les accueillir, les identifier puis à les exprimer sont des étapes clés sur le chemin de leur régulation. Et que c'est précieux de savoir les réguler. En effet, une émotion niée ou non exprimée fragilisera les apprentissages. 

Alors en maths, on aura le droit, oui, de prendre ce temps de les écouter et se mettre ensuite dans des conditions plus propices pour apprendre. Très régulièrement avant les contrôles, des exercices de respiration, de mise au calme, etc. permettront de prendre en compte le stress et les émotions pour en faire des alliées !


Sept mini-missions sur l'axe tête

Maintenant que tout a été fait pour que le corps et le coeur soient considérés à leur juste valeur pour mettre les élèves dans les meilleures dispositions, il est temps de passer à l'axe tête.

Et là, il est indispensable de commencer par faire du ménage ! Oui oui, un gros ménage sur des fausses croyances concernant la mémorisation ou les méthodes d'apprentissage. Sur 14 neuromythes, majoritairement la moitié prennent encore les élèves au piège !

Face à cet état des lieux éloquent, les élèves comprennent qu'il faut remettre les choses à plat et l'apport théorique à propos des mémoires et du processus de mémorisation retiennent toute leur attention.

Plusieurs mises en situation, énigmes, vidéos surprenantes ou jeux leur permettent d'explorer les différents types de mémoire, de comprendre que des stratégies efficaces pour les unes seront inefficaces pour les autres. Ils expérimentent également une activité où leur attention est malmenée et où leur contrôle inhibiteur est mobilisé. En mettant en lumière ces deux fonctions cognitives, ils voient leur rôle dans le processus de mémorisation. Ils touchent également du doigt ce qui se passe lorsque l'un ou l'autre font défaut dans une activité.

Ici encore, les CPS cognitives sont en jeu notamment sur la conscience de soi.

Ce qui leur plait le plus, c'est cette activité sur l'oubli. Et oui, l'une des fonctions premières du cerveau est d'oublier ! Oui oui, c'est normal et naturel d'oublier. Quel soulagement ressentent-ils lorsqu'on leur dit cela. Et c'est à ce moment, que j'introduis mes deux mots d'ordre de l'année : PATIENCE ET BIENVEILLANCE. 

Apprendre demande du temps. Soyons patients !

Apprendre passe par des erreurs, des oublis, des égarements. Ne nous jugeons pas lorsqu'on se trompe ou qu'on ne se rappelle pas, ne nous rabaissons pas ! C'est normal, c'est utile et c'est surtout des étapes intermédiaires de l'apprentissage. Alors soyons bienveillants !

Cela étant dit, les dernières activités les amènent à découvrir des stratégies et des outils pour mémoriser des connaissances à long terme.

Cette longue activité de rentrée pourrait être considérée comme une perte de temps. Je pense tout le contraire. Déjà parce que les élèves apprennent leur fonctionnement, développent leur CPS, remettent en question des croyances, ouvrent leur champs de méthodes. Ensuite parce qu'elle permet d'introduire des outils et messages sur lesquels reposera mon enseignement cette année. Enfin surtout, elle donne des éléments de compréhension de l'utilisation des outils qu'ils pourront transférer dans tous les domaines qu'ils voudront. Quant au temps éventuellement perdu en ce début d'année, qu'il sera bien vite rattrapé avec des méthodes efficaces solidement installées et comprises.

Maintenant yapluka !

Mise à jour le 05/10/2023