Dans les coulisses d'une classe inversée
Episode 3 - La première tentative

Une première tentative 

Le 29 novembre 2016, c'est décidé. Je prends le taureau par les cornes. Pour lever une peur, le meilleur moyen est de l'affronter. Alors, c'est parti. Le nouveau chapitre de géométrie est très bien expliqué dans le livre. Aussi, j'en profite pour faire ma première expérience de classe inversée avec le manuel et sans l'utilisation de capsules vidéos.

J'explique donc en début de séances aux élèves de 4e le principe et le nouveau fonctionnement pour ce chapitre. L'activité de découverte se passe donc comme d'habitude pour introduire la notion de cours. Nous la formalisons ensemble, j'apporte les explications complémentaires qui sont nécessaires. Et la routine s'arrête là. A ce moment-là, au lieu de prendre le cahier de cours pour le recopier en classe, les élèves passent directement aux exercices d'application et de recherche par binôme. La copie du cours est reportée à la maison.


Une agréable surprise

J'ai attendu le cours suivant avec impatience et je dois l'avouer avec le malin plaisir de coincer les élèves qui n'auraient pas recopié le cours. J'en avais quelques-uns en tête et ma répartie était toute prête ! Mais quelle ne fut pas ma très grande et très agréable surprise : tous les élèves avaient recopié le cours y compris les 2 ou 3 qui ont tendance habituellement à "oublier" de faire leurs exercices.


Une activité plus soutenue des élèves en classe

En classe, les élèves se sont montrés aussi bien plus actifs. Le travail en binôme, même s'il incitait quelque peu aux bavardages a stimulé les élèves à faire les exercices. D'ailleurs, il y a eu bien davantage d'exercices faits que prévus, y compris pour les élèves en difficulté.

Le travail en binôme avait ici une double dimension collective. Le tableau était partagé en autant d'exercices. Dans chaque case du tableau, les binômes pouvaient venir aimanter leur exercice résolu afin de soumettre leur résolution aux autres binômes. Ils pouvaient ainsi entre eux confronter leurs réponses, échanger entre binôme lorsque les réponses étaient différentes, argumenter à partir du cours pour prouver que leur réponse était correcte ou l'autre incorrecte, enrichir leur rédaction en s'inspirant des rédactions des autres.

On ne peut pas cacher qu'un élève s'est exclamé : "Mais c'est de la triche !"... Sa réaction est révélatrice de ce que pensent encore trop de personnes. Dans la vie courante, travailler ensemble, c'est naturel, à l'école, travailler ensemble, ce serait de la triche ! Une fois, bien remis à plat, le principe de cet exercice et du bénéfice de ce travail collectif à double dimension, l'efficacité et l'émulation des élèves ont fait des merveilles. 

Soumettre la recopie du cours hors la classe a libéré un temps important pour rendre les élèves plus actifs en classe sur la résolution d'exercices. Le changement était très net.


Et la suite ? 

Très clairement, cette expérience a montré que les élèves, eux étaient bel et bien prêts à ce type de pratique et surtout qu'ils s'y prétaient bien volontiers. Mes doutes à leur sujet étaient inutiles, et sans le savoir ils se sont montrés mes meilleurs supporters pour continuer dans cette voie.

Là, j'aurais pu continuer à fonctionner ainsi avec les autres chapitres, mais le manuel ne s'y prêtait pas forcément pour toutes les notions. Désormais, pour poursuivre, il fallait me former techniquement pour passer le cap du numérique.